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Alain Corbin – Terra Incognita: Une histoire de l’ignorance (2020)

L’Histoire de l’ignorance est une question essentielle. Pendant des millénaires, nous, les humains, ne savions presque rien de la terre. Nous nous référions surtout à nos territoires, à nos paysages, à nos villages. Sur les cartes on pouvait lire par endroit : Terra Incognita. Ce livre raconte les incroyables erreurs auxquelles il a fallu se heurter pour découvrir les secrets de notre planète bleue.Des erreurs parfois brillantes, souvent étranges, mais toujours fascinantes. A l’aube du XIXe siècle, la météorologie était pleine d’inconnues. En 1840, les fonds marins étaient totalement mystérieux. En 1870, la majorité des savants pensaient qu’une mer recouvrait les pôles. En 1900, nul n’avait atteint la stratosphère… L’ignorance a stimulé l’imaginaire de nos ancêtres. Le livre d’Alain Corbin réveille notre soif de savoir, et change notre regard sur le monde.

Alain Finkielkraut – Des animaux et des hommes (2018)

« Aujourd’hui, notre pitié ne s’arrête plus à l’humanité. Elle continue sur sa lancée. Elle repousse les frontières. Elle élargit le cercle du semblable. Quand un coin du voile est levé sur l’invivable existence des poules, des vaches ou des cochons dans les espaces concentrationnaires qui ont succédé aux fermes d’autrefois, l’imagination se met aussitôt à la place de ces bêtes et souffre avec elles. L’homme moderne est tiraillé entre une ambition immense et une compassion sans limite. Il veut être le Seigneur de la Création et il découvre progressivement en lui la faculté de s’identifier à toutes les créatures. Ainsi s’explique l’irruption récente de la cause animale sur la scène politique. La nouvelle sensibilité aux animaux aura-t-elle le pouvoir de changer la donne ou l’impératif de rentabilité continuera- t-il à faire la loi, en dépit de tous les cris du cœur ? »

Alain Le Ninèze – Le dernier sommeil selon Caravage (2022)

Mêlant récit romanesque et enquête historique, un auteur raconte l’histoire d’un tableau célèbre. Lorsqu’il peint La Mort de la Vierge en 1606, Caravage est déjà un artiste célèbre à Rome. Mais son tableau déclenche un énorme scandale. Les religieux du couvent qui le lui ont commandé refusent de l’accrocher dans leur église : en lieu et place d’une Vierge montant au ciel dans la gloire de l’Assomption, le peintre a représenté le cadavre d’une femme. Et le modèle qu’il a pris est le corps d’une prostituée retrouvée noyée dans le Tibre… Caravage, alors âgé de trente-six ans, est à un tournant de sa vie. Les circonstances vont l’entraîner dans un maelström qui fera de ses quatre dernières années une véritable descente aux enfers.

Alain Mabanckou – Huit leçons sur l’Afrique (2020)

En 2016, Alain Mabanckou a occupé la Chaire de création artistique du Collège de France. C’était la première fois qu’un écrivain africain était amené à y enseigner la littérature et la culture si souvent dédaignées du « continent noir ».Alain Mabanckou est l’héritier de l’histoire littéraire et intellectuelle de l’Afrique, qu’il retrace dans ces Huit leçons sur l’Afrique données au Collège de France. Croisant la stylistique et la vision politique, envisageant la littérature mais aussi le cinéma et la peinture, les Leçons d’Alain Mabanckou sont une nouvelle façon de visiter la francophonie, matière moins conventionnelle que son nom ne pourrait l’évoquer. La France n’est pas le seul centre de gravité de ce monde-langue. De « Y’a bon » à Aimé Césaire, la lutte a été longue pour passer « des ténèbres à la lumière », et c’est une vision apaisée des rapports de la culture africaine au monde que ces Huit leçons proposent.Loin d’être en concurrence avec la culture française, la culture noire, d’Afrique, de Haïti ou d’Amérique, l’enrichit. « La négritude n’est pas essentiellement une affaire de Noirs entre les Noirs, mais une façon de reconsidérer notre humanisme. »Le livre est enrichi d’un avant-propos inédit et de deux interventions d’Alain Mabanckou sur l’Afrique, dont sa fameuse lettre ouverte au président de la République sur la francophonie.

Albert Camus – Le mythe de Sisyphe

Inspiré par la mythologie grecque, Camus fait le rapprochement entre la vie comme un éternel recommencement obéissant à l’absurde, et Sisyphe, héros de la mythologie grecque. Pourquoi une telle punition ? Camus cite plusieurs versions du mythe, la plupart expliquant la punition de Sisyphe par une insulte faite aux dieux. Une version prête à Sisyphe, mourant, la volonté d’éprouver l’amour de sa femme, en lui demandant de ne pas lui donner de sépulture et de jeter son corps sur la place publique, après sa mort. Selon une autre version, Sisyphe découvrit la liaison entre le maître de l’Olympe, Zeus, et Égine ; il s’en alla monnayer l’information auprès du père, le fleuve Asopos. En échange de sa révélation il reçut une fontaine pour sa citadelle. Sa trop grande perspicacité irrita les dieux qui le condamnèrent à pousser au sommet d’une montagne un rocher, qui roule inéluctablement vers la vallée avant que le but du héros ne soit atteint.

Albert Cohen – Solal

Albert Cohen a publié Solal en 1930, Mangeclous en 1938 et Le livre de ma mère en 1954. En 1968, le Grand Prix du roman de l’Académie française lui est décerné pour Belle du Seigneur. En 1969, il publie Les Valeureux, en 1972, 0 vous, frères humains, et en 1979, Carnets 1978. Il est mort à Genève le 17 octobre 1981.

Alessandro Stella – Le Prêtre et le Sexe

Alessandro Stella – Le Prêtre et le Sexe L’historien Alessandro Stella s’intéresse ici à quelques cent quarante procès devant le tribunal de l’Inquisition de Mexico, entre 1530 et la fin du XVIIIe siècle. Ce sont des procès pour « sollicitation », c’est-à-dire pour séduction dans le cadre de la confession et ils mettent au centre des hommes (prêtres) ayant eu des relations sexuelles avec des femmes (parfois des religieuses), des hommes ou des enfants. Il s’agissait, pour l’Inquisition, de défendre à la fois le sacrement (la confession) et le célibat des clercs.

Alexandra David-Néel – Le bouddhisme du Bouddha

Né prince, fils d’un souverain de la puissante tribu des Sakya, au VIe siècle avant Jésus-Christ, il vécut dans le luxe et l’opulence avant de tout quitter pour partir sur les routes, seul, à la recherche de la sagesse. Il avait vingt-neuf ans, il s’appelait Siddharta Gautama, il allait devenir le Bouddha. Alexandra David-Néel a été l’une des premières Occidentales à pénétrer au Tibet et à comprendre la spiritualité orientale. Nul mieux qu’elle ne pouvait écrire cette présentation du bouddhisme du Bouddha  » en étant totalement fidèle au message et parfaitement accessible aux lecteurs occidentaux. Egalement chez Pocket : Au pays des brigands gentilshommes, Mystiques et magiciens du Tibet, La puissance du néant, Le lama aux cinq sagesses, Voyage d’une Parisienne à Lhassa, Le sortilège d u mystère, L’Inde où j’ai vécu, journal (2 tomes), Magie d’amour et magie noire et La vie surhumaine de Guésar de Ling.

Amanda Sthers – De l’infidélité (2018)

L’infidélité soulève des milliers de questions, de fantasmes, d’anecdotes…Amanda Sthers a fait des recherches pour retrouver les tromperies scandales emblématiques. Elle s’est aussi interrogée en revenant aux racines, aux textes religieux : comment échapper à cette malédiction ? Comment garder l’amour intact ? Et si l’infidélité était née avec l’amour ?  » La notion de fidélité est apparue avec la sédentarité, ainsi pouvait-on être sûr de transmettre son morceau de terre à sa descendance. Il y a donc eu un long moment d’humanité volage. Étions-nous déjà jaloux ? Passionnés ? Avons-nous inventé l’amour et ses dérives ? Le désir est-il dissociable de l’amour ? À l’heure des réseaux sociaux et de la course à l’éternelle jeunesse, peut-on aimer la même personne toute sa vie ? Il existe mille façons d’être fidèle à soi-même. Me poser des questions sur l’infidélité en définissant les mots qui l’accompagnent, en revisitant les grands textes de la littérature et les figures qui l’ont illustrée, était une façon de me demander si j’avais encore le droit d’être une incorrigible romantique…  » Amanda Sthers

Amaury Leveaux – Sexe, drogue et natation

Il a gagné les plus belles médailles, battu de magnifiques records du monde. L’enfant au physique hors norme, issu des cités défavorisées de Belfort, a connu un destin extraordinaire. Si les titres d’Amaury Leveaux sont « propres », le monde de la natation l’est moins. En 2008, lors de la finale du cinquante mètres nage libre des JO de Pékin, le champion se laisse rafler l’or et n’obtient que l’argent : trois ans plus tard, le vainqueur de l’époque recevra un avertissement pour avoir nagé sous produits interdits, suite à des tests antidopage. De quoi alimenter des doutes. Car, hors du bassin, les rivalités font rage et tous les coups sont permis. Derrière des entraînements exigeants se cachent de folles soirées. Au programme : sexe, drogue et natation. Pour la première fois, un champion olympique témoigne de la réalité du monde de la natation, que l’on croyait épargné : une plongée en eaux troubles.

Amélie Nothomb – La bouche des carpes (2018)

« On n’est pas forcé d’aimer mes livres… » « Mon ambition était de devenir danseuse étoile… » « Je crois dans les anges visibles… » « Pourquoi nierais-je que je suis un être pervers ? » « J’ai voulu mourir à cause de la laideur de la bouche des carpes… » Dans un café ou sous la pluie, chez elle ou chez lui, ou encore… dans les bois : l’auteur d’Hygiène de l’assassin, de Stupeur et tremblements et des Prénoms épicènes a accordé une série d’entretiens à Michel Robert. Au fil de leur conversation – parfois sage ou sincèrement drôle, parfois folle ou même intime – est née une amitié. Amélie Nothomb se livre ici comme rarement, évoquant aussi bien sa vie privée que la création littéraire, l’Europe, la Chine et le Japon, son sens de l’amitié et sa vision de l’amour, son goût de la solitude et des « orgies intellectuelles »… Ainsi se dessinent les thèmes majeurs d’une œuvre en plein devenir. Un document exceptionnel, donnant à voir dans toutes ses dimensions un écrivain aussi déroutant que capital.

Amélie Nothomb – Mercure

Sur une île au large de Cherbourg, un vieil homme et une jeune fille vivent isolés, entourés de serviteurs et de gardes du corps, à l’abri de tout reflet ; en aucun cas Hazel ne doit voir son propre visage. Engagée pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmière, va découvrir pourquoi Hazel se résigne aux caresses du vieillard. Elle comprendra au prix de quelle implacable machination ce dernier assouvit un amour fou, paroxystique… Au cœur de ce huis clos inquiétant, Amélie Nothomb retrouve ses thèmes de prédilection : l’amour absolu et ses illusions, la passion indissociable de la perversité.

Amélie Nothomb – Sans nom

« Au détour d’un container de carton, je tombai sur la scène à laquelle je m’attendais le moins : quatre jeunes hommes d’une trentaine d’années étaient affalés sur de vieux canapés en Skaï et regardaient la télévision. Les voix que j’avais entendues venaient du téléviseur. Ils n’eurent pas un regard pour moi. J’en conclus qu’ils n’avaient pas encore remarqué ma présence et je m’adressai à eux en un anglais hésitant : – Bonjour ! Excusez-moi, je me suis perdu et … Les quatre gaillards, sans même se tourner vers moi, poussèrent des « chchchcht » indignés et, joignant le geste à l’onomatopée, me firent ce signe de la main dont le sens universel est : « Ferme-la ! »t

Amin Maalouf – Le labyrinthe des égarés : L’Occident et ses adversaires (2023)

Une guerre dévastatrice vient d’éclater au cœur de l’Europe, qui ravive les pires traumatismes du passé ; des menaces de cataclysme nucléaire sont constamment agitées, alors qu’on les croyait définitivement écartées ; un bras de fer planétaire se déroule, opposant l’Occident à la Chine et à la Russie… Il est clair qu’un bouleversement majeur est en train de se produire, qui affecte déjà notre mode de vie, et qui remet en cause les fondements mêmes de notre civilisation. Chacun en a conscience, mais personne encore n’a contemplé cette crise avec la profondeur de champ qu’elle mérite. Comment en est-on arrivé là ? Amin Maalouf remonte, dans ce livre, aux origines de ce nouvel affrontement entre l’Occident et ses adversaires, en retraçant l’itinéraire de quatre grandes nations : d’abord le Japon de l’ère Meiji, qui fut le premier pays d’Asie à défier la suprématie des nations « blanches », et dont la modernisation accélérée fascina l’humanité entière, notamment les autres pays d’Orient, qui tous rêvèrent de l’imiter ; puis la Russie soviétique, qui constitua, pendant trois-quarts de siècle, une formidable menace pour l’Occident, son système et ses valeurs, avant de s’effondrer ; ensuite la Chine, qui représente en ce vingt-et-unième siècle, par son développement économique, par son poids démographique et par l’idéologie de ses dirigeants, le principal défi à la suprématie de l’Occident ; et enfin les Etats-Unis, qui ont tenu tête à chacun des trois « challengers », et qui sont devenus, au fil des guerres, le chef suprême de l’Occident et la première superpuissance planétaire. L’ensemble de ces récits constitue une grande fresque historique qui éclaire, comme on ne l’avait jamais vu jusqu’ici, les enjeux des conflits en cours, les motivations des protagonistes, et les étranges paradoxes de notre époque. En exergue du livre, l’auteur cite cette parole si pertinente de Faulkner : « Le passé ne meurt jamais. Il ne faut même pas le croire passé. »

Amin Maalouf – Les identités meurtrières

Depuis que j’ai quitté le Liban pour m’installer en France, que de fois m’a-t-on demandé, avec les meilleures intentions du monde, si je me sentais  » plutôt français  » ou  » plutôt libanais « . Je réponds invariablement :  » L’un et l’autre !  » Non par quelque souci d’équilibre ou d’équité, mais parce qu’ en répondant différemment, je mentirais. Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c’est que je suis ainsi à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles. C’est cela mon identité ?  » Partant d’une question anodine qu’on lui a souvent posée, Amin Maalouf s’interroge sur la notion d’identité, sur les passions qu’elle suscite, sur ses dérives meurtrières. Pourquoi est-il si difficile d’assumer en toute liberté ses diverses appartenances ? Pourquoi faut-il, en cette fin de siècle, que l’affirmation de soi s’accompagne si souvent de la négation d’autrui ? Nos sociétés seront-elles indéfiniment soumises aux tensions, aux déchaînements de violence, pour la seule raison que les êtres qui s’y côtoient n’ont pas tous la même religion, la même couleur de peau, la même culture d’origine ? Y aurait-il une loi de la nature ou une loi de l’Histoire qui condamne les hommes à s’entretuer au nom de leur identité ? C’est parce qu’il refuse cette fatalité que l’auteur a choisi d’écrire les Identités meurtrières, un livre de sagesse et de lucidité, d’inquiétude mais aussi d’espoir. Amin Maalouf a publié les Croisades vues par les Arabes, ainsi que six romans : Léon l’Africain, Samarcande, les jardins de lumière, le Premier siècle après Béatrice, le Rocher de Tanios et les Echelles du Levant.

Amin Maalouf — Le naufrage des civilisations (2019)

Il faut prêter attention aux analyses d’Amin Maalouf : ses intuitions se révèlent des prédictions, tant il semble avoir la prescience des grands sujets avant qu’ils n’affleurent à la conscience universelle. Il s’inquiétait il y a vingt ans de la montée des Identités meurtrières ; il y a dix ans du Dérèglement du monde. Il est aujourd’hui convaincu que nous arrivons au seuil d’un naufrage global, qui affecte toutes les aires de civilisation. L’Amérique, bien qu’elle demeure l’unique superpuissance, est en train de perdre toute crédibilité morale. L’Europe, qui offrait à ses peuples comme au reste de l’humanité le projet le plus ambitieux et le plus réconfortant de notre époque, est en train de se disloquer. Le monde arabo-musulman est enfoncé dans une crise profonde qui plonge ses populations dans le désespoir, et qui a des répercussions calamiteuses sur l’ensemble de la planète. De grandes nations « émergentes » ou « renaissantes », telles la Chine, l’Inde ou la Russie, font irruption sur la scène mondiale dans une atmosphère délétère où règne le chacun-pour-soi et la loi du plus fort. Une nouvelle course aux armements paraît inéluctable. Sans compter les graves menaces (climat, environnement, santé) qui pèsent sur la planète et auxquelles on ne pourrait faire face que par une solidarité globale qui nous fait précisément défaut. Depuis plus d’un demi-siècle, l’auteur observe le monde, et le parcourt. Il était à Saigon à la fin de la guerre du Vietnam, à Téhéran lors de l’avènement de la République islamique. Dans ce livre puissant et ample, il fait œuvre à la fois de spectateur engagé et de penseur, mêlant récits et réflexions, racontant parfois des événements majeurs dont il s’est trouvé être l’un des rares témoins oculaires, puis s’élevant en historien au-dessus de sa propre expérience afin de nous expliquer par quelles dérives successives l’humanité est passée pour se retrouver ainsi au seuil du naufrage.

Anaïs Nin – Être une femme et autres essais (2022)

Dans les dernières années de sa vie, sollicitée par un public de plus en plus fervent, Anaïs Nin a été amenée à donner des conférences, à répondre à des interviews, à écrire des articles de critiques (art, littérature, cinéma) et aussi des notes de voyage. Le présent volume, classé par elle de son vivant, rassemble l’essentiel de ces activités. La première partie, « Femmes et hommes », expose ce que l’écrivaine pensait de l’érotisme féminin, de l’homme, du féminisme. La deuxième, « Livres, musique, films », témoigne de la diversité de ses intérêts (Ingmar Bergman, Edgar Varèse, D. H. Lawrence…) et de l’unité en même temps que de l’acuité de son jugement. Enfin, « Lieux enchantés » nous emmène avec elle à Fez, Bali ou Nouméa. Un recueil dans lequel l’auteure du célèbre Journal et d’une œuvre romanesque dense se révèle également être une passionnante essayiste.

André Comte-Sponville – Dictionnaire amoureux de Montaigne (2020)

Sans doute le livre le plus éclairant sur Montaigne depuis… Montaigne, et un chef-d’œuvre d’André Comte-Sponville. Il nous fait redécouvrir Montaigne, écrivain de génie, talentueux philosophe et humain d’exception.Le tour de force d’André Comte-Sponville est d’avoir réussi, dans le dialogue amoureux qu’il mène ici avec l’auteur des Essais, à rendre limpide et bouleversante l’incroyable richesse de la pensée de celui-ci, tout en nous rendant intimement témoins de ce qu’il en retire pour faire franchir à sa propre philosophie une nouvelle étape.Il nous fait redécouvrir Montaigne, écrivain de génie, talentueux philosophe, humain d’exception que l’on aurait tant aimé connaître :  » quel esprit plus libre, plus singulier, plus incarné ? Quelle écriture plus souple, plus inventive, plus savoureuse ? Quelle pensée plus ouverte, plus lucide, plus audacieuse ? Celui-là ne pense pas pour se rassurer, ni pour se donner raison. Ne vit pas pour faire une œuvre. Pour quoi ? Pour vivre, c’est plus difficile qu’il n’y paraît, et c’est pourquoi aussi il écrit et pense. Il ne croit guère à la philosophie, et n’en philosophe que mieux. Se méfie de ‘l’écrivaillerie’ et lui échappe, à force d’authenticité, de spontanéité, de naturel. Ne prétend à aucune vérité, en tout cas à aucune certitude, et fait le livre le plus vrai du monde, le plus original et, par-là, le plus universel. Ne se fait guère d’illusions sur les humains, et n’en est que plus humaniste, Ni sur la sagesse, et n’en est que plus sage. Enfin il ne veut qu’essayer ses facultés (son titre, Essais, est à prendre au sens propre) et y réussit au-delà de toute attente. Qui dit mieux ? Et quel auteur, plus de quatre siècles après sa mort, qui demeure si vivant, si actuel, si nécessaire ? «

André Gide – Pack 13 livres

Amyntas ‘Là, entre les lourds piliers sans style de la salle peu éclairée, des femmes dansent, grandes, non point tant belles qu’étranges, et excessivement parées. Elles se meuvent avec lenteur. La volupté qu’elles vendent est grave, forte et secrète comme la mort. Près du café, sur une cour commune pleine de clarté de lune ou de nuit, chacune a sa porte entreclose. Leur lit est bas. On y descend comme dans un tombeau. – Des Arabes songeurs regardent sinuer la danse qu’une musique, constante comme le bruit d’une onde coulante conduit. – Le cafetier apporte le café dans une très petite tasse où l’on croirait boire l’oubli.’ L’école des femmes Le roman est présenté comme le journal intime d’Éveline X, envoyé à un éditeur (supposément André Gide) par sa fille, Geneviève, après la mort de sa mère des suites d’une épidémie lors de la Première Guerre mondiale où Éveline s’est enrôlée comme infirmière. Il est composé de deux parties distinctes et d’un épilogue. Les deux romans suivants prolongent et élargissent ce procédé, en proposant des points de vue différents qui contrastent avec celui d’Éveline. Dans Robert (1Le roman est présenté comme le journal intime d’Éveline X, envoyé à un éditeur (supposément André Gide) par sa fille, Geneviève, après la mort de sa mère des suites d’une épidémie lors de la Première Guerre mondiale où Éveline s’est enrôlée comme infirmière. Il est composé de deux parties distinctes et d’un épilogue. L’immoraliste Ce roman succède aux Nourritures terrestres et, à bien des égards, il illustre, par le biais de la fiction, les principes de l’ouvrage précédent. Le personnage de Ménalque est d’ailleurs présent dans les deux œuvres et y joue le même rôle d’initiateur.L’Immoraliste, écrit après l’expérience libératrice vécue en Afrique du Nord dès 1893 et après le mariage de l’auteur, comporte à l’évidence des éléments autobiographiques. Les nourritures terrestres Cette œuvre de jeunesse, longuement mûrie, est celle d’un «convalescent […] qui embrasse la vie comme quelque chose qu’il a failli perdre». Ni roman, ni essai, ni long poème en prose, cette œuvre inclassable est un peu tout cela à la fois. Dans les huit livres qui la composent, le narrateur, se réclamant d’un maître appelé Ménalque, s’adresse à un disciple qui répond au nom biblique de Nathanaël et qui représente le lecteur virtuel du texte. Le propos de l’ouvrage est donné dès l’Avertissement qui précède le premier livre : «Que mon livre t’enseigne à t’intéresser plus à toi qu’à lui-même, – puis à tout le reste plus qu’à toi.» Les nouvelles nourritures terrestres « Nathanaël, je t’enseignerai la ferveur. Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. Je ne souhaite pas d’autre repos que celui du sommeil de la mort. J’ai peur que tout désir, toute énergie que je n’aurais pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J’espère, après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, satisfait, mourir complètement désespéré. » Paludes Le narrateur reçoit la visite de son ami Hubert et lui annonce qu’il écrit un livre intitulé Paludes. L’ouvrage s’inspire de deux vers de Virgile à propos de Tityre, le célèbre berger des Bucoliques : celui-ci, bien que possédant un champ «plein de pierres et de marécages», est heureux de son sort. Le narrateur expose ensuite son projet à Angèle, avec laquelle il entretient une morne relation vaguement amoureuse. Il note diverses remarques sur Richard qui, satisfait de la médiocrité de son existence besogneuse, rappelle Tityre. La vie du narrateur est grise, elle aussi. Une exaspérante monotonie préside à tous les maigres événements de ses journées oisives. Ses relations avec les littérateurs qu’il fréquente, aussi bien qu’avec ses amis Hubert et Angèle, sont moroses… Le retour de l’enfant prodigue L’enfant prodigue qui, aujourd’hui, rentre chez son père n’est pas celui qu’on croit, l’humble, le repenti. C’est un vaincu. La misère le ramène à sa famille, de même que jadis le mirage de l’aventure l’avait poussé sur les routes. Il tombe ainsi dans un piège. Quand il s’en aperçoit, il est trop tard. On ne quitte pas les siens deux fois. Mais il aidera son jeune frère à partir de la maison. Le retour de l’URSS  » Ah! Que n’étais-je venu simplement en touriste ! ou en naturaliste ravi de découvrir là-bas quantité de plantes nouvelles, de reconnaître sur les hauts plateaux la « scabieuse du Caucase » de mon jardin… Mais ce n’est point là ce que je suis venu chercher en U.R.S.S. Ce qui m’y importe c’est l’homme, les hommes, et ce qu’on en peut faire, et ce qu’on en a fait. La forêt qui m’y attire, affreus-ment touffue et où je me perds, c’est celle des questions sociales. En U.R.S.S. elles vous sollicitent, et vous pressent, et vous oppressent de toutes parts. » Lors de son voyage en U.R.S.S., André Gide découvre, derrière le faux enthousiasme collectif, une entreprise constante de désindividualisation. Retour de l’U.R.S.S., publié en 1936, puis l’année suivante les Retouches firent sensation. Les deux livres restent un témoignage capital. Le retour du Tchad En 1925, chargé de mission par le gouvernement, André Gide s’embarque pour un voyage au Congo et au Tchad. Il fera à son retour un rapport sur les grandes compagnies concessionnaires, qui déclenchera une enquête administrative et un débat à la Chambre. En outre il y dénonce les mauvais traitements infligés aux indigènes et la forte ségrégation raciale. Cependant la majeure partie du livre est consacré à l’émerveillement que lui inspirent le climat, la faune et la flore. Ces textes, écrits en 1927-1928, frappent par leur actualité, rien n’a vraiment changé. Désespérant… Si le grain ne meurt Dans la première partie de ce récit autobiographique. Gide conte son enfance et son adolescence. Fortement marquée par une éducation puritaine, sa prime jeunesse se déroule dans un climat d’austérité religieuse et morale. Gide retrace le cours chaotique de sa scolarité, perturbée par la mort de son père et une fragilité nerveuse maladive. Il brosse le portrait des parents, des maîtres ou des amis qui ont compté dans la formation de son caractère et de son esprit. Dans la seconde partie, sont évoqués l’éveil au plaisir et la conquête de la liberté. Le jeune homme s’affranchit peu à peu de l’emprise religieuse et de l’autorité maternelle. Un long périple en Afrique où Gide, atteint par la tuberculose, frôle la mort, constitue l’étape décisive de cette évolution. Il découvre en lui l’empire du désir et se livre à ses premières expériences sexuelles. Comprenant que c’est dans l’homosexualité que sa sensualité trouve son vrai épanouissement, il brave progressivement les interdits de sa conscience puritaine et, sans parvenir tout à fait à faire taire la honte et le remords, il s’adonne au plaisir avec ardeur et bonheur. De retour en France, il a la douleur de perdre sa mère. Peu après, il se fiance avec sa cousine. La symphonie pastorale Le pasteur – le personnage n’a pas de nom dans le roman qui utilise sa fonction pour le désigner – recueille une jeune orpheline d’environ quinze ans, aveugle et, semble-t-il, totalement dépourvue d’intelligence. Il se consacre à l’éducation de l’enfant, dont il note les progrès dans son journal. Il lui apprend la beauté du monde dont la Symphonie pastorale de Beethoven, écoutée avec la jeune fille lors d’un concert, lui fournit la métaphore. Grâce aux soins attentifs du pasteur qui, se justifiant par la parabole de la brebis égarée, lui consacre plus de temps et d’attention qu’à ses propres enfants, l’aveugle, nommée désormais Gertrude, fait de rapides et spectaculaires progrès… Le traité du Narcisse – Théorie du symbole Le Traité du Narcisse est considéré comme l’un des plus important manifeste de la doctrine française du Symbolisme. De par sa forme narrative, il développe également certaines tendances ironiques paradoxales. Voyage au congo En 1925, chargé de mission par le gouvernement, André Gide s’embarque pour un voyage au Congo et au Tchad. Il fera à son retour un rapport sur les grandes compagnies concessionnaires, qui déclenchera une enquête administrative et un débat à la Chambre. En outre il y dénonce les mauvais traitements infligés aux indigènes et la forte ségrégation raciale. Cependant la majeure partie du livre est consacré à l’émerveillement que lui inspirent le climat, la faune et la flore. Ces textes, écrits en 1927-1928, frappent par leur actualité, rien n’a vraiment changé. Désespérant…

Anna Gavalda – American Vertigo

Où va l’Amérique ? Vers le destin impérialiste que lui prédisent ceux qui la haïssent ? Vers l’horizon démocratique qu’elle incarne aux yeux de ses amis? Bernard-Henri Lévy a parcouru plus de 20000 km aux états-Unis, pendant presque un an. Du Nord au Sud. De l’Atlantique au Pacifique. De la prison de Rikers Island à la douce Savannah. D’une ville arabe près de Detroit aux communautés juives de Brooklyn. Il y a vu La Nouvelle-Orléans dévastée, les banlieues pauvres de Los Angeles. Au-delà de l’enquête, American Vertigo est une réflexion sur les modèles républicains comparés de la France et des États-Unis, sur le rapport du peuple américain à la religion, à la politique, à l’idéologie. Un reportage qui allie la perspicacité  du philosophe à l’œil du romancier.

Anne Boyer – Celles qui ne meurent pas (2022)

«  Si ce livre devait exister, je voulais qu’il soit une forme mineure de magie réparative. Je voulais que les morceaux de nos corps perdus se régénèrent via ses phrases et que l’élégance de ses idées amplifient nos cellules.  Si je pouvais ouvrir la terre par l’écriture je le ferais, et je ramènerais à la vie une armée de ces femmes mortes insurgées. » Anne Boyer vient d’avoir 41 ans lorsqu’on lui diagnostique un cancer du sein. Poétesse, mère d’une adolescente, elle doit suivre une chimiothérapie lourde et subir une double mastectomie. Débute alors un long voyage qu’elle nous raconte ici, un cheminement littéraire, philosophique, politique pour penser la douleur et la survie. Au fil des pages, nous plongeons avec elle dans la folie de notre monde ultra-connecté, une société consumériste qui a envahi nos systèmes de santé en privilégiant les symboles aux individus. Celles qui ne meurent pas est le récit d’un esprit cultivé, délicat, confronté à l’épuisement du corps. Entre parcours intime, pamphlet et échappée poétique, ce texte magnifique est déjà considéré comme un classique de la littérature sur la maladie – à l’instar des œuvres de Susan Sontag ou de Joan Didion.

Antoine Albertini – Les invisibles (2018)

Antoine Albertini a voulu reconstituer le parcours de cet homme exécuté dans le dos, d’une balle de fusil de chasse. Il a enquêté. Visité les mobils homes où vivent des milliers de déracinés, serfs des temps modernes, qui récoltent le raisin, les kiwis, les clémentines dans les champs corses. Il a rencontré des immigrés clandestins, des avocats, des gendarmes, des vignerons. A travers le destin tragique d’El Hassan, Antoine Albertini révèle le sort de milliers d’hommes dont on ne parle jamais, il décrit une économie, une société, un monde caché. Lorsque le rosé bu par les touristes sur une plage de Porto-Vecchio a un arrière-goût de sueur d’esclaves.

Arnaud Ardoin – Président, la nuit vient de tomber (2017)

Percer le mystère de Jacques Chirac, c’est suivre une destination incertaine. Un homme politique sans ego, dit-on. Jacques Chirac serait un être paradoxal, autoritaire et tolérant, généreux et indifférent aux autres, un enfant gâté de la République à qui tout semble avoir réussi. Énarque et grand bourgeois, il est, en vérité, profondément humain, rustique, simple. Cet être tourmenté, épris par-dessus tout de liberté et de spiritualité, aurait passé son existence à protéger ses jardins secrets : les arts premiers, l’Asie, les femmes, sa compassion éternelle envers les enfants handicapés…

Arnaud Parienty – Le mythe de la  » théorie du ruissellement  » (2018)

Aucun économiste n’a jamais avancé la supposée théorie du ruissellement, selon laquelle les riches doivent être plus riches pour que les pauvres soient moins pauvres, alors qu’elle est régulièrement convoquée par nombre d’ experts sur les plateaux de télévision. Un mythe tenace qu’Arnaud Parienty décortique ici, démontrant l’artifice conceptuel autant que ses effets désastreux. Telle semble bien la logique des mesures adoptées depuis 2017 par le gouvernement Macron/Philippe, même s’il affirme le contraire. Et même si aucun économiste n’a jamais produit une  » théorie du ruissellement « . Alors comment expliquer que cette idée si décriée soit encore mise en œuvre ? En analysant son fonctionnement comme celui d’un mythe, c’est-à-dire une construction imaginaire largement partagée. C’est ce que propose Arnaud Parienty dans cet essai enlevé et pédagogique. Il y décortique avec méthode les clichés répétés sur les plateaux de télévision :  » trop d’impôts tue l’impôt « , ils favorisent l’évasion fiscale, etc. Et il remet en perspective la façon dont les politiques néolibérales ont conduit, partout dans le monde, à une explosion des inégalités, sans pour autant favoriser la croissance et l’emploi, contrairement à ce que prônent les adeptes du ruissellement.

Bénédicte Vergez-Chaignon – Colette en guerre 1939-1945 (2022)

« De quelle résistance, de quelle guerre parlerais-je sinon de celles que j’ai vécues ? » écrit Colette en 1945. À cette date, Brasillach, Guitry et Céline s’étonnent bruyamment que la grande écrivaine française soit épargnée par l’opprobre qui les frappe et les sanctions pénales qui les menacent. N’ont-ils pas tous écrit dans des journaux de la Collaboration ? « Confinée et occupée à la fois », pourrait répondre la romancière qui, à l’instar de la majorité des Français, chercha à survivre sans se commettre avec l’occupant ou ses complices, gérant dans l’angoisse deux écueils majeurs : son immense notoriété qui l’exposait et la menace de la déportation pour son dernier amour, qui était juif. Alors que Colette est plus que jamais au cœur de notre littérature, cette période de la guerre restait dans sa vie empreinte d’un halo de mystère et de beaucoup de rumeurs. Bénédicte Vergez-Chaignon, passionnée par son œuvre, s’est emparée du sujet. Et son enquête nourrie d’archives en grande partie inédites nous entraîne dans le quotidien de la célébrité, dans les pas d’une Colette bien plus sensible à l’actualité qu’elle n’a jamais voulu l’avouer, bien plus fine politique qu’elle ne consentait à le reconnaître…

Bernard Dubant – Ne-Pas-Faire

Être ou ne pas être, ancienne question… Les concepts sont les mâchoires de l’illusion. La Libération est le pourquoi de toute Voie Sacrée. Se fondant sur la tradition de Sanatana dharma et du Buddha dharma, du Non-Agir, du taoïsme et du chamanisme, l’auteur montre que les voies authentiquement « initiatiques » ne sont pas des voies d’acquisition : elles consistent avant tout à se « libérer » des notions d’égo et d’action, conditions de la prodigieuse ignorance savante qui lie l’entité humaine à l’illusion, à la souffrance et à la mort. Pour illustrer cela est ajouté un texte de Nagarjuna, le grand maître de la voie Madhyamaka. Traduit du sanskrit et commenté par l’auteur, Lokatitastava exprime l’essence de la voie du Bouddha.

Bernard Pivot – Amis, chers amis (2022)

Éloge de l’amitié. Quoi de plus libre et précieux que l’amitié ? Bernard Pivot en sait la valeur, lui qui a le bonheur de compter des amis fidèles, certains de toute une vie. On connaît le critique littéraire, on découvre ici l’ami qui s’est toujours gardé de confondre attachement sincère et copinage. Une tâche délicate quand votre influence vous attire les faveurs… Mais Bernard Pivot en sait trop sur l’amitié pour se laisser duper. Dans son panthéon intime, on croise des camarades d’enfance et de lycée, des journalistes, des comédiens, quelques écrivains et un seul éditeur. Des élus, à jamais dans son cœur. Dans ces pages vibrantes d’émotion et de sincérité, Bernard Pivot nous permet d’approcher au plus près cette mystérieuse alchimie entre deux êtres. On a peu de vrais amis. Ceux que Bernard Pivot célèbre ont changé sa vie. Et en parlant d’eux, il nous dit beaucoup de lui.

Bernard Pivot – Dictionnaire amoureux du vin

Écrit au fil de la mémoire, ce Dictionnaire amoureux du Vin est, en fait, un livre très personnel, rempli d’histoires amusantes et d’anecdotes savoureuses, de culture aussi, forcément ! Chez les Pivot, l’artiste de la famille, le vigneron, c’est le frère Jean-Charles. Bernard, lui, se contente de l’ivresse des mots. « Je n’évoque dans ce Dictionnaire amoureux du vin que ce que je connais, j’aime et qui me passionne. Il y a de l’autobiographie, des lectures, des souvenirs de cuvage, de cave, de table… Voici cependant l’essentiel : le vin, c’est de la culture. La culture de la vigne, mais aussi de la culture pour l’esprit. C’est cette dimension culturelle d’un produit universel de consommation que ce livre a l’ambition de rappeler, dans un temps où le vin n’est pas bien considéré. Peut-être s’étonnera-t-on que je parle souvent avec légèreté et amusement d’un sujet qui humecte notre bouche et notre âme ? C’est ma manière de le prendre au sérieux. J’ai le vin gai. Pourquoi mon encre serait-elle acide, revêche ou épaisse ? Il existe une expression qui traduit bien le rôle social du vin dans notre pays :  » vin d’honneur « . Ce Dictionnaire amoureux voudrait être un joyeux vin d’honneur. «

Bernard Stiegler – De la misère symbolique

Au XXe siècle, le capitalisme consumériste a pris le contrôle du symbolique par son appropriation hégémonique de la technologie industrielle. L’esthétique y est devenue à la fois l’arme et le théâtre de la guerre économique. Il en résulte de nos jours une misère symbolique où le conditionnement se substitue à l’expérience. Cette misère est une honte, la « honte d’être un homme » qu’éprouve parfois le philosophe, et qui est suscitée d’abord aujourd’hui par cette misère symbolique telle que l’ont engendrée les « sociétés de contrôle ». Il s’agit pour Bernard Stiegler de comprendre les tendances historiques qui ont conduit à la spécificité du temps présent, mais aussi de fourbir des armes : de faire d’un réseau de questions un arsenal de concepts en vue de mener une lutte. Le combat à mener contre ce qui, dans le capitalisme, conduit à sa propre destruction, et à la nôtre avec lui, constitue une guerre esthétique. Elle-même s’inscrit dans une lutte contre un processus qui n’est rien de moins que la tentative visant à liquider la « valeur esprit », comme le disait Paul Valéry.

Bernard Werber – Le livre du voyage

Ah, enfin tu me prends dans tes mains ! Ah, enfin tu lis ma quatrième de couverture ! Tu ne peux pas savoir comme j’attendais cet instant. J’avais si peur que tu passes sans me voir. J’avais si peur que tu rates cette expérience que nous ne pouvons vivre qu’ensemble. Toi lecteur, humain, vivant. Et moi le livre, objet, inerte, mais qui peux te faire décoller pour le grand, le plus simple, le plus extraordinaire des voyages.

Bernard-Henri Lévy – Ce virus qui rend fou (2020)

L’humanité a connu, avant celle du coronavirus, des pandémies plus meurtrières. Mais jamais elle ne s’était ainsi confinée à l’échelle du globe, ni n’avait produit une telle inflation de discours obsessionnels. Bernard-Henri Lévy s’essaie ici, en philosophe, à un bilan d’étape sur cette Première Peur mondiale qui a produit un réel plus invraisemblable que la fiction.Il ne s’intéresse pas à ce que le virus a « dit », mais à ce qu’on lui a fait dire. Pas aux « leçons » qu’il faudrait en tirer, mais au délire interprétatif où chacun se veut l’augure du « monde d’après » alors qu’il n’a rendez-vous qu’avec lui-même. Il dit sa crainte de voir ce « monde d’après » confisqué par deux forces. Les rentiers de la mort, tyrans de toutes obédiences, qui profiteront de l’urgence sanitaire et du délire hygiéniste pour étrangler leurs peuples ou étendre leurs empires.Mais aussi les déclinistes, décroissants, collapsologues et autres effusifs de la pénitence qui déguisent leur égoïsme en abnégation et, sous prétexte que rien ne devrait « recommencer comme avant », font tranquillement leur deuil de ce que la civilisation occidentale a de meilleur. Il redoute de voir les confits du confinement, drogués au virtuel et aux écrans, prendre goût au repli sur soi et dire, pour longtemps, adieu au monde.

Bertrand Périer – Sur le bout de la langue (2019)

« Les mots sont mes plus chers compagnons. Tous les jours, je joue avec les mots, je les manie avec délectation, dans une cour de justice, dans l’arène médiatique, dans les jurys de concours d’éloquence. Les mots m’ont révélé, m’ont fait sortir de ma réserve naturelle.Ce livre, à la fois ludique et érudit, est une déclaration d’amour aux mots d’un défenseur de la langue française, conscient cependant de son évolution nécessaire, et quelque part un portrait décalé. J’aspire à vous (re)donner à aimer des mots incongrus, des mots oubliés, des mots de jargon, des mots qui font rêver et des mots qui font voyager, des mots qui disent et des mots qui évoquent.Les mots de la loi, les mots de la foi, les mots de la table, les mots de la jeunesse, les mots de la musique. Les mots dits et les mots d’elle, les mots d’amour et les mots de tous les jours. Car les mots disent tout de notre rapport au monde. Ce livre est donc un voyage délibérément subjectif dans mon univers lexical.Bienvenus ! »

Bret Easton Ellis — White (2019)

Que raconte White, première expérience de  » non-fiction  » pour Bret Easton Ellis ? Tout et rien.  » Tout dire sur rien et ne rien dire surtout  » pourrait être la formule impossible, à la Warhol, susceptible de condenser ce livre, d’en exprimer les contradictions, d’en camoufler les intentions. White est aussi ironique que Moins que zéro, aussi glaçant qu’American Psycho, aussi menaçant que Glamorama, aussi labyrinthique que Lunar Park, aussi implacable que Suite(s) impériale(s). Loin des clichés toujours mieux partagés, plus masqué que jamais, Bret Easton Ellis poursuit son analyse décapante des États-Unis d’Amérique, d’une façon, comme il le dit lui-même,  » ludique et provocatrice, réelle et fausse, facile à lire et difficile à déchiffrer, et, chose tout à fait importante, à ne pas prendre trop au sérieux « . Que raconte White en ayant l’air à la fois de toucher à tout et de ne rien dire ? Peut-être que le fil à suivre est celui du curieux destin d’American Psycho, roman d’horreur en 1991 métamorphosé en comédie musicale à Broadway vingt-cinq ans plus tard. Ellis a dit autrefois :  » Patrick Bateman, c’est moi.  » Il ne le dit plus. Et si Patrick Bateman était devenu président ?P.G.

Brigitte Chabrol – Le développement naturel de l’enfant. Le cerveau de bébé et ses 1000 premiers jours (2023)

Comprendre comment fonctionne le cerveau de bébé et ses 1000 premiers jours. Ça commence avant les premiers sourires, les premiers mots, les premiers pas, ça commence avant même le premier cri. Avec l'apport des neurosciences, aujourd'hui on le sait, le développement du cerveau débute dès le stade embryonnaire et se poursuit jusqu'aux deux ans de l'enfant et au-delà. Il sous-tend les différentes étapes des acquisitions psychomotrices. Ces découvertes ont révolutionné la médecine, apporté des réponses à des maladies mal connues et offert un nouveau regard sur l'enfant. Brigitte Chabrol, professeure de neuropédiatrie, engagée dans la protection de l'enfance, partage ici son expérience, sa passion et ses propres observations, pour répondre concrètement aux questions des parents, et futurs parents. Comprendre les stades de la grossesse et protéger le futur bébé. Devenir mère, la chimie des corps. Observer son enfant et l'aider dans les étapes de son évolution. L'interaction parent, bébé, pédiatre et le suivi médical, les aides.

Bronisław Malinowski – Trois essais sur la vie sociale des primitifs (2020)

« Le crime et la coutume dans les sociétés primitives » ; « Le mythe dans la psychologie primitive » ; « La chasse aux esprits dans les mers du Sud » : ces trois célèbres essais des années 1920 illustrent la richesse et la profondeur de la pensée et des méthodes du premier des ethnologues de terrain.

Bruno David – A l’aube de la 6e extinction: Comment habiter la Terre (2021)

Plus qu’un cri d’alarme, A l’aube de la  6e  extinction  est un plaidoyer pour le vivant sous toutes ses formes et un guide pratique, à hauteur d’homme, pour éviter le naufrage, posant ainsi les jalons d’une éthique pour la planète, sans moralisme ni culpabilisation. Est-il trop tard ou pouvons-nous éviter le pire ? La réponse est entre nos mains.

Bruno Fuligni – Les lois folles de la République (2021)

S’il fallait réunir l’ensemble des lois en vigueur en France, elles représenteraient un livre de 23 000 pages. Avec humour et érudition, Bruno Fuligni en présente les plus folles. Sait-on qu’on risque aujourd’hui davantage à ramasser un champignon en forêt qu’à recruter un tueur à gages ? Que la France continue de verser une pension d’Ancien Régime qui remonte à 1738 ? Qu’un décret de 2008 nous autorise à éviscérer les ragondins ? Et qu’en vertu d’un arrêté du 13 juillet 1951 pris au nom de François Mitterrand, « les signes d’hermaphrodisme, l’absence ou la perte du pénis rendent inapte à tout emploi outre-mer » ?… Une balade à travers le maquis du droit, pour en débusquer la poésie absurde et ce qu’il révèle de notre histoire.

Bruno Patino – Tempête dans le bocal (2022)

Nous avons quitté le poisson rouge dans son bocal numérique  : parfaitement libre, ouvert à tout, mais incapable de grandir, en difficulté pour se concentrer plus de 8 secondes, épuisé par le temps qui file et par les sollicitations infinies. Et travaillé par les algorithmes… Et nous l’y retrouvons, après une expérience mondiale inédite  : un poisson rouge confiné, sauvé par sa capacité technique à échanger, travailler, regarder, garder le contact, se divertir… et découvrant, en accéléré, sa prison numérique – libre de tout connaître mais perdant le désir  ; parlant à tous et chacun, mais avide de rencontres  véritables  ; le dos tassé, les yeux rougis, continuant la vie avec un léger sentiment de vide et d’attente…. Impossible de rembobiner, comme dans un film américain  : à nous de faire avec cette nouvelle civilisation, qui nous a emportés et transformés en vingt ans. Déconnecter est un leurre  : mais lutter avec souplesse  ; transformer nos façons de faire, de connaître, d’aimer  ; se chercher des rites  ; réformer notre langage  ; déjouer l’Intelligence artificielle  ; et surtout, se créer une plage de temps à soi, chambre virtuelle, mains vides, regards vers le ciels  : telles sont les leçons et pistes possibles de cet essai bref, incisif, majeur. D’une méditation sur le temps à un souvenir de wifi en panne, d’un petit déjeuner avec Zuckerberg à une méditation sur les stages de déconnexion durs du patron de Twitter, d’une addiction personnelle à une promenade en forêt sans écran…. Libérez-vous. Renaissez. Petit poisson rouge deviendra grand… Deux ans après l’immense succès de La civilisation du Poisson rouge, Bruno Patino poursuit son travail de recherche, le déploie et l’approfondit  : que chacun puisse se trouver une voie libre et apaisée.

Charles Dantzig – Traité des gestes (2017)

De quelle mystérieuse façon un poignet cassé sur la hanche, geste des aristocrates du XVIIIe siècle, a-t-il resurgi chez un rocker de 1960 ? Le geste de la main d’un bébé qui s’ouvre comme une étoile de mer ne serait-il pas un souvenir des âges immémoriaux où nous étions algues ou poissons ? Y a-t-il des gestes d’hommes, des gestes de femmes ? Des gestes nationaux, des gestes universels ? Gestes de la sexualité, gestes de la politique, gestes des comédiens, gestes imités de nos morts aimés, les gestes ne sont pas l’ombre des mots ; ils peuvent être une forme de création. Plus encore qu’un langage du sens, un rapport unique au temps

Christian Bobin – La dame blanche

‘Derrière la porte fermée à clé de sa chambre, Emily écrit des textes dont la grâce saccadée n’a d’égale que celle des proses cristallines de Rimbaud. Comme une couturière céleste, elle regroupe ses poèmes par paquets de vingt, puis elle les coud et les rassemble en cahiers qu’elle enterre dans un tiroir. Disparaître est un mieux. À la même époque où elle revêt sa robe blanche, Rimbaud, avec la négligence furieuse de la jeunesse, abandonne son livre féerique dans la cave d’un imprimeur et fuit vers l’Orient hébété. Sous le soleil clouté d’Arabie et dans la chambre interdite d’Amherst, les deux ascétiques amants de la beauté travaillent à se faire oublier.’Christian Bobin.